Né le 6 avril 1845, en Inde, William Cornwallis King a 17 ans lorsqu’il entre à la Compagnie de la Baie d’Hudson. Il occupe le poste de commerçant principal en 1896 et prend sa retraite en 1903. C’est à Upper Fort Garry que King obtient une formation de commis. L’une de ses tâches est de tirer des pigeons pour le mess des officiers, à son dire « un drôle de métier ». Il raconte que « les pigeons étaient si nombreux qu’ils éclipsaient le soleil en passant ».
King s’amusait à changer l’épellation de mots pour faire rire (p. ex., prey [proie] plutôt que pray [prière]), agrémentant ainsi son travail de copiste de lettres et de comptes rendus, qu’il trouvait ennuyant. Mais cela n’impressionnait pas ses supérieurs. Il décrit les colons de la Rivière-Rouge ainsi :
…de bonnes gens, très accueillants. On n’avait pas de journaux à l’époque, et le voyageur, porteur des nouvelles, était chaleureusement accueilli. À son approche, un homme ou une femme l’attendait devant la maison et, avec le couvre-chef ou le tablier, lui signalait d’entrer. […] Le visiteur à la Rivière-Rouge, qu’il soit gouverneur lui-même, officier, commerçant ou métis, ou quiconque s’adonnait à passer, prenait place à même la grande table à planches astiquées. L’hôte de la maison, de sa place au bout de la table et entouré de sa famille, était plein d’assurance, fier et bienveillant. Ne reconnaissant aucune distinction sociale, il offrait l’hospitalité à tous.
On dansait communément la gigue à la Rivière-Rouge. Bien des commis en jouissaient, mais King n’était pas de ceux-là :
Je dirais ne pas apprécier les disputes entre les femmes lorsque les hommes étaient ainsi monopolisés, et je trouvais étrange cette forme de divertissement. Les autres commis me taquinaient, me traitant d’« aristocrate guindé ». Après les danses, cependant, la bonne entente règnait entre voisins de sorte que l’on s’échangeait des possessions, que ce soit de la nourriture ou des berceaux.